L’empire du milieu du Sud

SYNOPSIS :
Sur des images d’archives inédites du monde entier qu’accompagnent des textes de la littérature vietnamienne, française et américaine, Jacques Perrin et Eric Deroo retracent l’histoire fascinante et douloureuse du Viêt-nam, de la colonisation française à la chute de Saïgon.

L'empire du Milieu du Sud : Un documentaire de Jacques Perrin et Eric Deroo

L’empire du Milieu du Sud : Un documentaire de Jacques Perrin et Eric Deroo

Un documentaire  qui part de la seconde guerre mondiale et nous emmène jusqu’au retrait des troupes américaines en 1975.

Que celui qui cherche un documentaire didactique sur les grandes dates du conflit, ses tournants, ses rebondissements passe son chemin.

Le film  est  fait de  la juxtaposition de vieilles images d’archives mêlées à des images de couleurs plus récentes. La bande son est composée d’extraits de littérature vietnamienne, américaine ou française.

La séance s’ouvre ainsi “la vie est faite de bonheur, de malheur, il faut la prendre comme elle est, on n’y peut rien”. Puis, plus tard, “ceux qui ont survécu, à eux de vivre comme il faut, comme des hommes, sinon à quoi çà sert la guerre, à quoi çà sert la paix”

Et enfin, sur la fin du film, de manière lancinante, revient toujours cette même interrogation “Quel chemin il faut parcourir avant de mourir”

On peut résumer ainsi la teneur du film qui décrit la destinée d’un peuple qui depuis les années 1860 verra passer sur son sol les colonialistes français, l’armée chinoise puis l’armée française puis  enfin l’armée américaine, et qui pour lutter contre ces impérialismes, s’en remettra à Ho Chi Minh.

Première époque : Indolence de la vie coloniale, images de cartes postales surexposées aux couleurs passées comme le temps qu’elle décrivent. On y voit l’insouciance de ces 20 000 français qui vivaient dans un univers protégé, vivant  de l’exploitation du peuple colonisé.

Puis, c’est l’invasion chinoise, l’arrivée des armes qui changeront plusieurs fois de mais avec en arrière plan cette question  qui porte tout le documentaire : à quoi bon cette guerre sanglante ? à quoi bon la mort de ces jeunes hommes dans les deux camps ?  Boucherie aveugle, morts dans la boue des rizières sous un ciel magnifique.

Force de résistance incroyable des vietnamiens luttant d’abord contre l’armée française puis contre l’armée américaine. Armée de bric et de broc face au matériel occidental, camouflage rudimentaire, canons montés à bras d’homme le long des pentes boueuses.

Face à cette énergie, c’est le déferlement de la guerre mécanique mais celle-ci est évoquée de l’intérieur par les explosions de bombe, le bruit des canons et des mitraillettes.

Sont filmés les visages des soldats, leurs mains, leurs regards. Ils sont avant tout des êtres humains pris dans leur destin, l’Histoire de leur peuple, engagés pour une cause qui les dépasse mais  qu’ils serviront jusqu’à la mort, comme l’évoquent les nombreux plans panoramiques s’ouvrant sur l’immense forêt tropicale.

Les archives proviennent d’un camp comme de l’autre mais finalement, c’est la même désolation, les mêmes regards vides.

Un très beau documentaire qui,  en prenant contre-pied des films américains abordant le sujet comme Platoon ou Full Metal Jacket dont la force critique est exclusivement fondée sur leur extrême violence, parvient à souligner encore mieux la violence d’une guerre, l’absurdité de son enlisement, tout en conservant un point de vue presque neutre centré sur les humains eux mêmes, quelque soit leur camp, et non sur les logiques politiques dont ils ne sont que l’instrument.

Finalement, tout est dit à la première phrase. Chacun doit faire avec son destin bon ou mauvais, combattre dans le camp où il se trouve.

Ce qui fait la force du documentaire, ce sont ces textes écrits par ceux qui ont vécu les événements filmés, qui ont fait partie de ces millions de fourmis qui ont été agités par la succession des guerres pendant près de 20 ans.

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